29 septembre 2010

Mon journal intime gourmand virtuel

Je me présente, Marie-Claude, maman et copine à temps plein, épicurienne à ses heures, début trentaine. Désire partager ma passion pour la bouffe, les bons vins et les soirées en famille et entre amis à travers mes récits.

En gagnant de l'expérience en tant que jeune adulte, pour le pas dire en vieillissant, je commence à accepter le fait que j'ai perdu de précieuses années à oeuvrer dans un domaine qui n'est pas pour moi. J'ai même cru, il y a de cela trois ou quatre ans, que j'avais finalement trouvé ce qui me passionnait. En m'affairant derrière les fourneaux, je communiquais mes doutes à Monsieur à propos de mon retour aux études dans le domaine de l'informatique. En rectifiant l'assaisonnement de l'Osso bucco qui mijotait sur le feu, je lui disais à quel point je n'étais pas totalement convaincue d'avoir fait le bon choix! J'ai dû interrompe ma ré-orientation professionnelle afin de donner naissance à Filston. Ce n'est que quelques mois après avoir mis fin temporairement à mes études, que j'ai eu la certitude d'y avoir mis fin définitivement.

Alors, me voilà de retour à la case départ. Avec le travail, la maison, Filston et Monsieur qui occupent largement mes temps libres, je me promets une ré-orientation du tonnerre dans quelques années. Et d'ici là, vous pourrez me lire... ou pas! À vous de le décider! Écrire, cuisiner, recevoir des gens à la maison sont les choses qui me rendent heureuse et je compte en abuser jusqu'à ce que le moment soit venu pour moi de passer à la prochaine étape.

Voici la recette qui a inspiré une de mes nombreuses prises de conscience!



OSSO BUCCO À LA BENKELFAT

Temps de préparation | environ 3h30
Nombre de portions | 6

                        6 jarrets de veau de 2po d’épaisseur
                        2 gros oignons
                        3 grosses carottes
                        1 boîte de tomates entière
                        Zeste d’un citron
                        1 verre à moutarde de vin blanc sec
                        1 bouquet de basilic
                        1 bouquet de persil italien
                        Sel et poivre au goût
                        Huile d’olive

Préparation

Enfariner les jarrets de veau et les faire dorer dans une marmite de type Creuset avec un peu d’huile d’olive. Compter environ 10 minutes pour chaque face. Retirer les jarrets, les couvrir et les déposer au four tiède. Passer les oignons et les carottes au robot culinaire. Verser la purée dans la marmite avec quelques giclées d’huile d’olive et faire revenir pendant 20 minutes en remuant de temps en temps. Broyer les tomates, les ajouter à la purée et laisser mijoter de nouveau 20 minutes à feux doux. Placer les jarrets dans le mélange, arroser de vin, ajouter la moitié du bouquet de basilic, saler et poivrer. Laisser mijoter à feux doux pour environ 45 minutes. Ajouter le restant du basilic et la gremolata 10 minutes avant la fin de la cuisson et le tour est joué!

Gremolata

Hacher le persil finement et zester le citron. Mélanger le tout et y ajouter un peu d’huile d’olive.

Notes personnelles

J’aime accompagner ce plat d’un simple riz basmati ou de tagliatelles auxquelles j’ajoute de la gremolata. Si vous n’avez pas de robot culinaire, je vous suggère de râper les carottes et d’émincer les oignons. Après avoir ajouté les tomates au mélange, il vous sera alors possible de passer le tout au mélangeur afin d’obtenir une purée.

Merci à la parisienne qui m’a généreusement offert cette recette il y a de cela quelques années et qui est un incontournable à notre table dès que l’automne se pointe le bout du nez!

17 septembre 2010

Tu nous as quitté, mais j'en suis heureuse...

Troisième dimanche du mois d’août, le soleil brillait et la chaleur surchauffait notre peau. Nous débutions nos vacances estivales et à notre grande surprise, nous avions déjà mis notre stress de côté. Bébé et Monsieur à l’étage pour la sieste, je me suis assise à l’extérieur afin de préparer le repas du soir tout en sirotant un petit verre de rosé. Nous attendions toute la famille pour célébrer l’anniversaire de mon père et mon beau-frère. Quoi de mieux qu’un souper en toute simplicité, accompagné de gens que nous aimons, pour débuter ce qui allait être des vacances chargées en émotions?! Je vous invite à la table de mon jardin le temps de quelques lignes, afin de vous partager le récit d’un après-midi… le verre de vin est optionnel et à vos frais!


Je pleurniche comme une Madeleine en coupant des oignons quand mon index et mon majeur sont sauvés par le téléphone. Ma mère au bout du fil m’annonce que ma grand-mère est à l’hôpital dans un état peu favorable entourée de ses fils. Je raccroche et note le calme autour de moi. Aucun bruit d’enfants, aucun oiseau dans le ciel. Il n’y a que moi, le silence et un sentiment d’impuissance. Mes proches savent à quel point ma grand-mère a été marquante sur plusieurs aspects de ma vie. En grandissant non loin de sa résidence, j’ai eu la chance de développer une relation particulière avec elle et mon grand-père. Je n’ai pas toujours été en accord avec ses opinions, mais j’admirais son ouverture d’esprit et sa capacité d’adaptation aux différentes générations qu’elle a traversées.


Toujours figée sur ma chaise de patio, je me remémore le temps où elle était coquette, débordante d’énergie et de caractère! Une femme qui séduisait les gourmands les plus exigeants avec ses petits plats concoctés avec amour. Au moment où j’évoque ces souvenirs dans ma tête, se tient-elle au milieu du fameux tunnel de lumière? Elle avait été y jeter un coup d’œil il y a quelques années sous des circonstances semblables. Elle avait alors décidé qu’il n’était pas encore temps pour elle de nous quitter. Mais qu’allait-elle décider cette fois-ci? Peut-être était-elle fatiguée? Fatiguée de lutter contre la souffrance qui l’habitait depuis tellement d’années. Qui pourrait l’en blâmer? Je ne me suis jamais retrouvée dans une situation où la mort frappait à ma porte, mais à mon avis, cette dernière est beaucoup plus effrayante pour les gens qui restent. Nous devenons égoïste, car nous ne pouvons envisager de ne plus les avoir à nos côtés.


Mes pensées vont ensuite à un de ses fils habitant à l’étranger. C’est une personne qui m’est extrêmement cher et je tente de m’imaginer à quel point cela doit être difficile de vivre une telle situation à des milliers de kilomètres. Me foutant éperdument de l’heure qu’il est dans son coin de pays, je l’appelle afin de m’assurer qu’il se portait bien malgré les circonstances. Suite à notre conversation, je décide de me rendre à son chevet sans attendre. Pour moi, mais également pour lui.


Laissant les préparatifs de notre souper derrière moi, je saute dans ma voiture pour aller lui rendre visite. Elle avait toujours eu une façon bien à elle de nous démontrer son amour, mais je sais au fond de moi qu’elle serait extrêmement touchée et fière de savoir ses petits-enfants à ses côtés. Ma sœur et mon frère le savent également et c’est pour cette raison qu’ils sont assis dans ma voiture qui file vers l’hôpital.


Nous arrivons à sa chambre sans trop savoir à quoi nous attendre. Lors de notre arrivée, ses fils se retirent de la chambre afin de nous laisser du temps avec elle. Bon! C’est à mon tour de m’asseoir à ses côtés pour lui parler. Je ne sais pas pour vous, mais je trouve cela intimidant de m’adresser à quelqu’un qui est dans le coma. Mal habile et chargée d’émotions, je tente de trouver les bons mots. Je l’embrasse, prends sa main dans la mienne et lui dit ce qui me semble le plus réconfortant.


‘’Grand-maman, tu es en droit, une fois dans ta vie, de ne penser qu’à toi. Si ta plus grande inquiétude est de laisser derrière toi l’amour de ta vie, tu peux quitter l’esprit tranquille. Chacun d’entre nous allons nous assurer que Grand-papa se porte bien et ne manque de rien. Tu vas certainement me manquer, mais de savoir que tu ne souffriras plus apaisera ma peine. Je t’aime.’’


Après avoir prononcé ces paroles, nous avons pris le chemin du retour vers la maison où Bébé et Monsieur m’attendait. J’avais la gorge serrée, je savais bien que l’urgence que j’avais ressentie de me rendre à son chevet n’était pas le fruit de mon imagination! Ce n’est qu’à l’arrivée de mon père, un peu plus tard, que nous avons appris sa mort. Elle s’est éteinte quelques minutes après notre départ, comblée d’avoir eu la chance d’être entourée de gens qu’elle aimait. J’ai lâché un soupir de soulagement pour elle et je me suis ensuite mise à pleurer.


Le 15 août dernier, j’ai compris à quel point il est important d'être entouré de ses proches durant les moments difficiles. J’ai compris qu’elle était prête, depuis un bon moment déjà, à traverser le long tunnel de lumière. Seulement, l’amour qu’elle vouait à ses proches l’en empêchait. Elle attendait que nous soyons prêts. Prêts à poursuivre notre chemin sans elle. Prêts à accepter de ne plus l’avoir à nos côtés. Elle a pensé à nous jusqu’à la toute fin. Aujourd’hui, elle est libre de souffrances et libre de penser à elle et elle seule. Je t'aime Grand-maman.

Jeannine (née Clermont) Brisset
1924 - 2010